Quand le corps se souvient : restaurer la sécurité, ouvrir la parole
- Laurence Sanchez

- 18 nov.
- 2 min de lecture
Quand le corps se souvient : restaurer la sécurité, ouvrir la parole
Ce qui compte, avant tout, pour les enfants victimes d’inceste, c’est de retrouver un espace sûr.
Un lieu où ils puissent s’exprimer, même sans mots. Où le silence ne soit plus synonyme de peur.
Et surtout, un lieu où leur corps puisse recommencer à leur appartenir.
Le retour du geste juste
Dans la salle de thérapie, presque rien : quelques petits instruments de musique, un bol tibétain, un grand paperboard et des feutres de couleur.
Ce minimalisme n’est pas un hasard.
Martine Nisse explique qu’après des violences sexuelles répétées, les enfants vivent souvent une dissociation du geste : leurs mains, leurs bras, certaines parties d’eux-mêmes ne leur appartiennent plus.
Faire naître un son, une vibration, une trace colorée, devient alors une réappropriation.
Ici, aucune injonction à dessiner ou à raconter.
Le dessin, la parole, le jeu sont des langages spontanés.
Ils servent à rejoindre l’enfant là où il en est - pas à le forcer à dire.
Le poids des mots : nommer autrement
En France, on appelle naturellement un père et une mère “papa” et “maman”.
Mais pour un enfant dont le père est l’agresseur, ces mots deviennent brûlants.
Ils entretiennent la confusion entre le lien biologique et le lien de tendresse, entre l’amour et la terreur.
C’est pourquoi, dans les familles d’accueil, les éducateurs et les thérapeutes sont invités à ne pas employer ces termes devant l’enfant.
Le laisser choisir ses mots, c’est lui rendre un peu de pouvoir.
Guérir sans diaboliser
Dans le travail thérapeutique, Martine Nisse et son équipe accueillent aussi les agresseurs sexuels - pères, mères, oncles, grands-parents.
Non pour excuser, mais pour comprendre.
" Ces personnes ne sont pas que les actes qu’elles ont commis ”, dit-elle.
Il s’agit de chercher, sous la perversion agissante, la part blessée, souvent issue de leur propre enfance abîmée.
Parler pour défaire la domination
S’appuyant sur les travaux de Dorothée Dussy, anthropologue, Martine Nisse rappelle que l’inceste est le « berceau des dominations ».
Guérir de l’inceste, c’est donc interroger la culture de la domination : celle qui nie la parole des enfants, qui confond autorité et possession.
Références :
Dorothée Dussy, Le Berceau des dominations - Anthropologie de l’inceste, La Découverte, 2013.
Laurence Sanchez - Thérapeute psycho-émotionnelle & somatique
J’accompagne depuis plus de 15 ans des personnes qui portent des blessures profondes : attachement insécure, anxiété, épuisement émotionnel. Mon approche relie corps, système nerveux et émotions, pour nourrir pas à pas un sentiment de sécurité intérieure.
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