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Croyances négatives. Le cerveau perd son biais protecteur.

  • Photo du rédacteur: Laurence Sanchez
    Laurence Sanchez
  • 9 déc.
  • 4 min de lecture
Croyances négatives. Le cerveau perd son biais protecteur.

Croyances négatives. Quand Le cerveau perd son biais protecteur.


Notre cerveau ne supporte pas l’ambiguïté.

Dès qu’un signal est flou, il cherche à trancher, à lui donner une forme reconnaissable.


On le voit très bien avec les sons « chimères » : un mélange de deux sources, comme un miaulement de chat et des pleurs de bébé.

Selon votre histoire, vos préoccupations, votre environnement actuel, vous entendrez plutôt l’un ou plutôt l’autre.


Ce n’est pas anodin : cela montre que votre perception est orientée par vos prédictions.

Le cerveau ne se contente pas d’enregistrer passivement le réel ; il fabrique, à partir d’un flux incomplet, une hypothèse la plus cohérente possible.


Dans la dépression, ce mécanisme reste le même, mais il est envahi par une chose très simple et très lourde : des croyances négatives qui prennent le dessus sur tout le reste.


Quand la voix intérieure devient le lieu de la dévalorisation


La dépression ne se résume pas à " être triste " : elle s’accompagne souvent de convictions intérieures extrêmement dures, qui finissent par se présenter comme des évidences.


Elles tournent autour de trois axes principaux :


- moi : " je ne vaux rien ", " tout est de ma faute ", " je suis un poids "-

- le monde : " l’environnement est incontrôlable ", " tout finit mal "

- l’avenir : " rien ne changera ", " ça ne peut qu’empirer ".


Ces phrases semblent parfois banales, mais elles structurent la manière dont le cerveau lit chaque situation.

Un retard, une remarque, un silence, une contrariété minime deviennent des " preuves " supplémentaires de sa propre nullité, de la froideur du monde ou de l’absence d’issue.


Ce n’est pas juste un discours intérieur désagréable.

C’est une organisation de la pensée : tout ce qui arrive est ramené, tordu, compressé dans le même moule.


Les ruminations s’installent là-dessus.

Ce ne sont pas des pensées profondes, mais des boucles circulaires qui réduisent peu à peu l’espace mental.

Plus elles tournent, plus elles consolident les croyances négatives, qui elles-mêmes rendent les ruminations encore plus plausibles.


On retrouve sur ce terrain-là une augmentation du risque suicidaire :

quand l’esprit est saturé de " preuves " de sa propre inutilité, la sortie peut sembler inexistante.


Le biais positif : ce qui, en temps normal, nous protège


Pourtant, dans la population générale, le cerveau ne fonctionne pas ainsi. La plupart des études montrent un phénomène contre-intuitif : nous sommes spontanément biaisés en faveur des informations positives lorsque nous mettons à jour nos croyances.


Si on vous demande d’estimer votre risque d’être cambriolé, vous allez donner un chiffre à partir de votre expérience et de ce que vous avez entendu.Si ensuite on vous présente une estimation " objective ", vous modifierez vos croyances plus volontiers si l’information est rassurante - risque plus bas que prévu - que si elle est inquiétante - risque plus élevé-.


Cette asymétrie ne concerne pas seulement les risques.

Nous avons tendance à nous percevoir comme un peu meilleurs que la réalité sur plusieurs plans : conduite, compétences, relations…

Ce biais d’optimisme varie selon les cultures, le genre, les contextes, mais il est largement répandu.


Du point de vue de la santé mentale, il joue un rôle de coussin amortisseur. Si nous percevions tout, tout le temps, de manière parfaitement réaliste, notre état émotionnel serait probablement beaucoup plus fragile : l’ampleur réelle des risques, des pertes possibles, des menaces, est difficilement soutenable sur la durée.


Ce biais positif n’est pas un mensonge : c’est un réglage du cerveau qui donne un peu plus de poids aux informations favorables pour maintenir une forme de stabilité.


Ce que change la dépression : quand le biais s’inverse


Dans la dépression, ce mécanisme protecteur se fissure.


Les travaux de Tali Sharot et d’autres équipes montrent que la capacité à mettre à jour ses croyances après une bonne nouvelle est diminuée.


Les informations positives entrent moins.

Elles modifient moins les représentations internes.

Elles glissent sur la surface des croyances négatives sans parvenir à les fissurer.


Certains ont parlé de " réalisme dépressif " : l’idée que la personne déprimée verrait le monde avec moins d’illusions.

Ce terme est discutable, mais il pointe quelque chose : la disparition du filtre optimiste rend le monde plus nu, plus brut, parfois plus cruel.


On ne sait pas encore si cela vient surtout d’une attention accrue aux signaux négatifs, ou d’une plus grande porosité aux informations défavorables.

Probablement des deux.


Le piège, c’est que lorsque les croyances négatives sont déjà très fortes, même une preuve d’amour ou de soutien peut être réinterprétée dans leur sens.

Un geste d’affection devient de la pitié.

Une aide devient une preuve que l’on est incapable.

Un compliment devient suspect.


C’est ce qu’on appelle parfois un « retour de flamme » :

les informations qui pourraient, en théorie, diminuer la croyance douloureuse, finissent par la renforcer.


Pourquoi ce n’est pas “ dans la tête ”


Rien de tout cela n’a à voir avec le fait d’être " trop négatif " ou " dramatiquement sensible ".

Ce que ces travaux décrivent, c’est un dérèglement de la manière dont le cerveau évalue et met à jour les informations.


En temps normal, il met légèrement plus de poids sur ce qui protège.

Dans la dépression, il se cale davantage sur ce qui confirme le risque, la menace, la dévalorisation, souvent dans un contexte où la personne a déjà traversé des environnements réellement dangereux ou humiliants.


Ce n’est pas minimiser la souffrance que de comprendre ce mécanisme.


C’est donner un langage plus précis à ce qui se joue :


la douleur est réelle,

mais les croyances qui l’entourent ne sont pas des faits,

ce sont des prédictions devenues trop rigides.


Et c’est précisément ce réglage-là qui peut, avec le temps, la relation, certains traitements, être réouvert, réajusté.


Croyances négatives. Le cerveau perd son biais protecteur.


Laurence Sanchez -  Thérapeute psycho-émotionnelle & somatique


J’accompagne depuis plus de 15 ans des personnes qui portent des blessures profondes : attachement insécure, anxiété, épuisement émotionnel. Mon approche relie corps, système nerveux et émotions, pour nourrir pas à pas un sentiment de sécurité intérieure.


🌱 Si ces mots résonnent, explorez mes autres articles : ils offrent des pistes concrètes pour prendre soin de votre équilibre.


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