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Quand la perception se déforme : comprendre ce qui s’altère vraiment avec la dépression.

  • Photo du rédacteur: Laurence Sanchez
    Laurence Sanchez
  • 5 déc.
  • 5 min de lecture
Quand la perception se déforme : comprendre ce qui s’altère vraiment avec la dépression.

Quand la perception se déforme : comprendre ce qui s’altère vraiment avec la dépression.


Quand le monde perd ses couleurs


Il existe des moments où le réel nous accueille presque sans effort.

Les couleurs respirent, les gestes sont simples, la présence des autres glisse naturellement jusqu’à nous.


Et puis il y a ces périodes où quelque chose se déplace, presque silencieusement.

Les sons deviennent mats, les visages un peu plus lointains, les intentions s’éteignent.


Le monde n’a pas changé - mais la manière dont nous le percevons, elle, s’est fissurée.


On évoque la tristesse, le manque d’énergie, le repli.

Mais on oublie souvent que la dépression touche d’abord la manière dont le cerveau interprète le monde.


C’est une modification sensorielle, cognitive et émotionnelle profonde - presque une bascule de réalité.

La dépression, c’est ce passage-là : un glissement progressif d’un univers familier vers une atmosphère qui ne répond plus.


Dans sa forme la plus intime, elle ne raconte pas seulement une douleur morale :elle raconte un brouillage profond entre vous et ce qui vous entoure.


Quand l’esprit se perd


Une musique d’abord harmonieuse glisse vers un grincement insoutenable.


C’est exactement ce qui se joue dans le cerveau dépressif :

un changement brutal de l’univers mental, de la manière de faire monde avec la vie.


Hugo Bottemanne, psychiatre et chercheur, rappelle combien la dépression reste méconnue.


Elle n’a rien d’un simple “ coup de blues ”.


Aucun scanner, aucune prise de sang ne peut la diagnostiquer. Elle se glisse entre le normal et le pathologique, souvent invisible de l’extérieur, mais intérieurement monstrueuse.


La dépression n’est pas de la tristesse : briser un mythe


La tristesse dépressive n’a rien à voir avec la tristesse ordinaire.


La tristesse ordinaire est une émotion vivante : elle circule, elle respire, elle raconte quelque chose de nous.

Elle est parfois même précieuse


La tristesse “ dépressive ”, elle, est d’une autre nature.


Certain·es la décrivent comme un " feu glacé " : une brûlure venue de l’intérieur qui n’a rien à voir avec la nostalgie ou la peine habituelle.


Ce n’est pas juste plus fort.

C’est autre.


Une douleur psychique qui envahit tout, dérobe l’énergie, les valeurs, les repères, jusqu’à transformer chaque jour en épreuve.


La dépression, c’est un effondrement des mécanismes cérébraux qui permettent de ressentir, d’évaluer, d’interpréter.


L’anhédonie : quand le monde perd sa saveur


Certaines formes de dépressions abrasent toute émotion, tout désir.

On parle d'anhédonie : la perte de la capacité à ressentir du plaisir, du goût, de l’intérêt.


Ce phénomène va parfois si loin qu’il brouille la capacité à distinguer ce qui est bon, mauvais, neutre ou dangereux.


La boussole émotionnelle cesse de fonctionner.


Les sourires paraissent fades,

les moments doux deviennent neutres,

les aliments ont le goût de la cendre.


Le monde entier se recouvre d’un voile.


On pourrait croire que cette anesthésie protège de la douleur.

En réalité, elle isole.

Elle coupe du vivant.


L’asthénie : une fatigue qui empire avec le repos


À cette anesthésie peut s’ajouter une fatigue écrasante : l’asthénie.


Contrairement à ce qu’on imagine, plus la personne se repose, plus l’épuisement devient pesant.


Là encore, ce n’est pas psychologique :

c’est un dérèglement biologique, neurologique, métabolique.


Le corps perd sa capacité à générer l’énergie qui lui permet de se remettre en mouvement.


Beaucoup de personnes décrivent :

le corps est comme une pierre

le ralentissement des gestes les plus ordinaires

les mots se font rares

l'esprit qui se replie dans un silence épais.


Le lit n’est plus un refuge :

il devient un aimant.

Le repos n’apaise plus, il tire de plus en plus vers le bas.


Quand l’esprit se retourne contre lui-même


Ce qui rend la dépression si difficile, ce ne sont pas seulement les symptômes visibles.

C’est la manière dont elle manipule la pensée.


Le cerveau se tourne vers les stimuli négatifs comme si c’était sa seule façon de comprendre.


L’attention se fixe presque exclusivement sur ce qui fait mal :

les échecs, les blessures, les regrets.


Il les agrandit, les colore, les rend omniprésents.


Ce n’est pas un choix.

C’est un biais cognitif imposé.


Les ruminations donnent l’impression d’aider.

On croit qu’en repassant les mêmes idées, quelque chose va se résoudre.


Mais les recherches montrent l’inverse :

moins on se laisse happer par la rumination, moins les croyances négatives ont de prise.

Y rester accroché les renforce.


Pour beaucoup, ce mécanisme devient si envahissant que la pensée finit par se retourner contre soi.


C’est là que peuvent apparaître des idées suicidaires, présentées par le cerveau comme une “ issue ” imaginaire alors qu’elles ne sont qu’une conséquence de la souffrance.


Ce que cela dit de vous : pourquoi cette compréhension change tout


Si vous vivez une dépression, ou si quelqu’un de votre entourage y est confronté, il est essentiel de comprendre ceci.


Non, cette perception altérée ne signifie pas que vous êtes faible.

Elle révèle au contraire un système nerveux saturé, un esprit blessé qui tente malgré tout de survivre.


La dépression touche 350 millions de personnes, et en particulier les femmes, souvent dans des périodes de vulnérabilité -grossesse, postpartum, surcharge invisible.


Ce n’est pas un manque de volonté.

Ce n’est pas “ dans la tête ”.


C’est une altération profonde de la perception, de l’énergie, des mécanismes émotionnels et cognitifs.


La personne ne choisit pas de voir le monde en gris.

Le monde se présente ainsi, parce que son système nerveux ne parvient plus à le capter autrement.


Comprendre cela permet de sortir de la culpabilité, de la honte, des injonctions “ secoue-toi ”, “ pense positif ”.


Cela permet aussi de remettre de la nuance, de la douceur, et de chercher l’aide adaptée :

un accompagnement thérapeutique, un soutien relationnel, ou parfois un traitement.


Pourquoi je vous parle de perception


Parce qu’on parle rarement de la dépression sous cet angle-là.


On parle d’humeur, de symptômes, de tristesse.

Beaucoup moins de cette transformation perceptive :

du fait que ce n’est pas le monde qui se voile, c’est votre capacité à le recevoir qui se dérègle.


Comprendre cela change tout.

Cela vous permet de sortir du “ je devrais aller mieux ”.


Et de reconnaître la dépression pour ce qu’elle est :

une altération profonde de l’expérience du monde.


Un effondrement intérieur qui nécessite du soutien, des soins, parfois une psychothérapie, parfois un traitement, toujours une forme de présence humaine.


Quand la perception se déforme : comprendre ce qui s’altère vraiment avec la dépression.


Laurence Sanchez -  Thérapeute psycho-émotionnelle & somatique


J’accompagne depuis plus de 15 ans des personnes qui portent des blessures profondes : attachement insécure, anxiété, épuisement émotionnel. Mon approche relie corps, système nerveux et émotions, pour nourrir pas à pas un sentiment de sécurité intérieure.


🌱 Si ces mots résonnent, explorez mes autres articles : ils offrent des pistes concrètes pour prendre soin de votre équilibre.


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