top of page

Quand le cerveau prédit trop.

  • Photo du rédacteur: Laurence Sanchez
    Laurence Sanchez
  • 7 déc.
  • 4 min de lecture
Quand le cerveau prédit trop.

Quand le cerveau prédit trop.


Comment la dépression déforme la réalité


Il y a dans l’expérience humaine quelque chose d’invisible et de constant :

nous ne percevons jamais le monde tel qu’il est réellement.

Nous percevons ce que notre cerveau s’attend à rencontrer.


Chaque geste, chaque son, chaque visage est filtré par un immense système d’anticipation qui fonctionne sans pause.

C’est ce qui nous permet d’avancer dans la vie sans être submergé·e·s : nous prédisons, nous ajustons, nous relions.


Mais dans la dépression, ce mécanisme se dérègle.

Et c’est là que le monde commence à se déformer.


La perception n’est jamais neutre


Imaginez ce moment étrange où vous entendez un son inattendu :

le corps se crispe, l’esprit se suspend, quelque chose en vous proteste.

Mais, lorsque le même son revient, la réaction change.


Le cerveau a anticipé.


C’est ainsi qu’il fonctionne :

il ne reçoit jamais passivement les informations du monde.

Il prévoit ce qui va arriver.


Chaque battement de vos yeux, chaque mouvement de votre main, chaque pas dans la rue est anticipé par des millions de connexions neuronales qui s’accordent pour créer une version stable et cohérente de la réalité.


Vous ne voyez donc jamais le réel brut.

Vous voyez une hypothèse, une simulation continue.


Quand les prédictions prennent le pas sur le réel


Parfois, l’attente est si forte qu’elle remplace l’expérience.

Vous pouvez percevoir une chaleur sur votre main alors que la tasse est froide.

Vous pouvez sentir l’odeur du pain devant une boulangerie fermée.


Le cerveau complète, extrapole, invente.

Pas par folie : par économie, par survie.


Il préfère prévoir plutôt que s’exposer à l’inconnu.


C’est un mécanisme humain, naturel, omniprésent.

Malgré tout, il peut aussi se retourner contre vous.


La dépression brouille la précision


Dans la dépression, ce système d’anticipation devient moins souple et moins fiable.

Le cerveau commence à surévaluer les informations négativessous-estimer les signaux de sécurité, à privilégier les scénarios sombres quand les données sont ambiguës.


Ce n’est jamais un manque de volonté.

Ce n’est pas un défaut de votre caractère, ni une manière d’être pessimiste.

C’est un déséquilibre de la précision.


Les croyances négatives deviennent plus fortes que les perceptions positives.

Elles écrasent les nuances.

Elles filtrent le monde.


On perçoit alors un sourire sympathique comme de la moquerie.

Un compliment est ressenti comme une attaque.

Un silence devient la preuve d’un abandon.


Ce n’est pas la réalité qui change.

C’est la manière dont votre esprit pèse et interprète les signaux.


Votre cerveau essaie pourtant de vous protéger


Normalement, lorsqu’une prédiction se révèle fausse,

le cerveau génère une erreur de prédiction

- un signal qui dit : " ajuste-toi, la réalité est différente ".


Dans la dépression, cette mise à jour devient plus difficile.

Les croyances négatives gardent la main.

Elles étouffent les signaux qui pourraient vous ouvrir à un autre possible.


C’est comme si la lumière arrivait encore,

mais qu’elle ne parvenait plus à traverser le filtre.


Un monde qui se referme


Lorsque les prédictions négatives deviennent dominantes :


le monde et le futur paraissent hostiles,

les actions perdent leur sens,

la motivation s’éteint avant même l’élan,

l’imaginaire s’appauvrit,

la perception se rétrécit.


Non pas parce que vous avez renoncé, mais parce que votre cerveau vous envoie des signaux erronés, trop sûrs, trop sombres.


Vous voyez moins ce qui pourrait aller bien.

Vous ressentez moins ce qui pourrait vous soutenir.

Vous entendez moins les nuances de la vie.


Ce n’est pas vous.

C’est un système devenu trop rigide.


Quand l’esprit n’arrive plus à se corriger


Dans ce dérèglement, le danger n’est pas seulement la tristesse.


C’est la perte de plasticité perceptive -

cette capacité à laisser la réalité :

nous surprendre,

nous mettre à jour,

nous ramener vers le vivant.


La dépression enferme l’esprit dans des prédictions qui tournent en boucle.

Non par choix, mais parce que la croyance douloureuse paraît plus fiable que l’expérience.


C’est ainsi que se créent les prophéties auto-réalisatrices :

" ça va mal se passer " → vous n’essayez pas

" je n’y arriverai pas " → vous arrêtez avant d’avoir commencé

" je ne mérite pas " → vous rejetez ce qui vous est donné


La perception se contracte.

Le monde s’assombrit.


Retrouver un espace où quelque chose peut bouger


Comprendre ce mécanisme permet d’arrêter de vous juger.

Cela remet de la nuance dans l’expérience.

Cela ouvre une brèche :


le monde que vous percevez n’est pas le monde entier.


Dans un accompagnement, ce n’est pas seulement l’histoire qui se transforme :

ce sont les prédictions que votre système nerveux fabrique

à propos de vous, des autres, de l’avenir.


Chaque petite expérience de sécurité,

chaque nuance retrouvée,

chaque perception légèrement différente

vient créer une nouvelle erreur de prédiction…


… et c’est dans cet écart que quelque chose peut commencer à se réouvrir.


Quand le cerveau prédit trop.


Laurence Sanchez -  Thérapeute psycho-émotionnelle & somatique


J’accompagne depuis plus de 15 ans des personnes qui portent des blessures profondes : attachement insécure, anxiété, épuisement émotionnel. Mon approche relie corps, système nerveux et émotions, pour nourrir pas à pas un sentiment de sécurité intérieure.


🌱 Si ces mots résonnent, explorez mes autres articles : ils offrent des pistes concrètes pour prendre soin de votre équilibre.


📩 Ma newsletter propose aussi un espace plus intime, avec des ressources réservées à mes abonné·e·s : www.laurencesanchez.fr/newsletter



Commentaires


Les commentaires sur ce post ne sont plus acceptés. Contactez le propriétaire pour plus d'informations.

Me contacter

Pour prendre RDV et avoir des informations complémentaires, merci de me contacter via ce formulaire

Laurence Sanchez

Thérapeute 

Tél : 06 22 80 37 10

  • Instagram
  • LinkedIn

Merci pour votre envoi !

© 2024 Laurence Sanchez -

CGV RGPD 

NEWSLETTER

 
bottom of page